
Crédit mobilité : une alternative (durable) au véhicule de fonction ?
Fini la voiture de fonction pour tous ? À l’heure où les entreprises cherchent à concilier performance économique, attractivité RH et transition écologique, une nouvelle solution émerge : le crédit mobilité.
Encore peu connu du grand public, ce dispositif souple, économique et bas-carbone séduit de plus en plus d’entreprises. Mais peut-il réellement remplacer un véhicule de fonction ? Quels sont ses avantages ? Ses limites ? Et surtout : est-ce un bon choix pour l’entreprise… comme pour les collaborateurs ?
Décryptage complet.
Véhicule de fonction : un modèle en mutation
Historiquement, le véhicule de fonction est un avantage prisé dans les entreprises. Il est :
- Un outil de travail (mobilité pro),
- Un avantage en nature pour les trajets personnels,
- Et souvent, un levier d’attractivité RH.
Mais aujourd’hui, ce modèle est remis en question :
- Pression réglementaire (loi LOM, loi Climat, ZFE, obligations de verdissement),
- Fiscalité de plus en plus contraignante,
- Coût élevé (TCO : carburant, entretien, assurance, fiscalité…),
- Transition énergétique : les flottes doivent devenir plus vertes,
- Véhicule de fonction subi : de plus en plus de collaborateurs estiment ne pas avoir besoin d’un véhicule de fonction et préfèrent un avantage alternatif.
Résultat : certaines entreprises n’ont plus intérêt à attribuer une voiture de fonction à tous. D’où l’émergence du crédit mobilité.
Crédit mobilité : c’est quoi exactement ?
Le crédit mobilité est un budget mensuel ou annuel, mis à disposition d’un salarié en remplacement du véhicule de fonction.
Il peut remplacer complètement le véhicule de fonction, ou bien être attribué comme un complément à un véhicule de fonction, pour les collaborateurs qui choisissent un véhicule moins coûteux que la gamme à laquelle ils ont droit (on parle alors de crédit mobilité partiel).
Il peut être utilisé pour financer des modes de transport alternatifs, comme :
- Abonnement de transports en commun,
- Vélo (achat ou location),
- Trottinette,
- Covoiturage,
- Taxis, VTC,
- Location de voiture courte durée,
- Train.
Le salarié garde sa liberté de déplacement, sans posséder une voiture attitrée.
Pourquoi ça intéresse de plus en plus d’entreprises ?
1. Une réponse aux enjeux environnementaux
Le crédit mobilité favorise :
- Des mobilités douces ou partagées,
- Une réduction du nombre de voitures en circulation,
2. Un levier d’économies
Un crédit mobilité bien dimensionné peut permettre des économies significatives.
Néanmoins, l’estimation du montant à allouer par collaborateur n’est pas trivial. Il doit prendre en compte l’économie réalisée sur le véhicule de fonction, mais également le report de coûts sur le crédit mobilité, les voyages d’affaires, les notes de frais, et la fiscalité sur le crédit mobilité, notamment en termes d’avantages en nature.
3. Plus de flexibilité pour le collaborateur
Le salarié peut :
- Adapter ses modes de transport à ses besoins réels,
- Choisir une solution multimodale,
- Convertir une partie du crédit en salaire brut (dans les limites fixées par l’entreprise),
Les limites du crédit mobilité
Bien sûr, le crédit mobilité n’est pas universellement applicable.
Il ne convient pas à tous les profils :
- Commerciaux itinérants ou techniciens terrain avec beaucoup de km,
- Zones peu desservies par les transports,
- Usages très spécifiques de la voiture (transport de matériel, horaires décalés…).
Il peut générer de la frustration :
- Certains salariés restent très attachés à leur voiture de fonction,
- Sa mise en œuvre nécessite une vraie conduite du changement,
- Il faut éviter le sentiment de « perte d’un avantage ».
D’où l’importance d’un accompagnement personnalisé, d’une communication claire, et d’une offre modulable.
Bonnes pratiques pour mettre en place un crédit mobilité
1. Cadrer la politique
- Définir qui est éligible au crédit mobilité,
- Fixer un budget suffisamment attractif pour le collaborateur et l’entreprise,
- Encadrer les usages possibles (types de mobilité éligibles, conversion en salaire…).
2. Accompagner les collaborateurs
- Communication, ateliers, simulateurs de budget,
- Mises en situation,
- Témoignages d’utilisateurs.
3. Suivre les résultats
- Émissions de CO2 évitées,
- Taux d’adhésion,
- Coûts totaux comparés,
- Satisfaction des salariés.
Et demain : vers la fin du véhicule de fonction ?
Le crédit mobilité s’inscrit dans un mouvement de fond :
- Mobilités multimodales,
- Transition écologique,
- Rationalisation des flottes,
- Évolution des attentes des salariés.
Ce n’est pas la fin du véhicule de fonction, mais un complément crédible et économique pour accompagner l’évolution des usages et atteindre les objectifs de réductions des émissions de CO2.
En résumé, un vrai levier de transformation
Le crédit mobilité n’est pas une simple économie de bout de chandelle. C’est un outil stratégique :
- Pour réduire les émissions de CO2 de la mobilité professionnelle,
- Pour réduire les coûts de flotte,
- Et pour offrir plus de liberté aux collaborateurs.
Bien pensé, bien cadré et bien accompagné, il peut devenir un pilier fort de la politique de mobilité de l’entreprise.