
Pression des pneus : un coût caché pour les gestionnaires de flotte ?
Dans un contexte où la maîtrise des coûts d’exploitation, la réduction des émissions et la sécurité des conducteurs sont des priorités, un facteur souvent négligé mérite l’attention : la pression des pneus. Derrière ce paramètre technique en apparence anodin se cache un véritable levier de performance économique et environnementale pour toute entreprise gérant une flotte automobile.
Sous-gonflage, usure prématurée, surconsommation… Lorsque l’on gère plusieurs dizaines ou centaines de véhicules, ces effets se cumulent, et les coûts explosent discrètement. Alors, la pression des pneus : vrai détail ou faux petit problème ?
1. Pourquoi la pression est-elle si critique en gestion de flotte ?
Plus de 60 % des véhicules roulent en permanence avec une pression inadéquate, généralement trop basse. Or, un écart de seulement -0,4 bar entraîne :
- +2 à +5 % de surconsommation de carburant
- -20 à -30 % de durée de vie des pneus
- +5 g de CO₂ émis par kilomètre parcouru
- Une hausse du risque d'accidents (freinage, tenue de route, éclatements)
Pour un particulier, cela peut représenter 80 à 100 € de perte par an (sans compter le coût d’éventuels sinistres).
Mais pour une flotte ? Les conséquences sont d’un tout autre ordre.
2. Simulation : combien coûte une pression incorrecte dans une flotte de 200 véhicules ?
Prenons un exemple réaliste d’entreprise gérant 200 véhicules thermiques ou hybrides non rechargeables.
Hypothèses :
- 20 000 km/an par véhicule
- Sous-gonflage moyen de 0,4 bar
- Surconsommation moyenne : +0,25 L/100 km
- Consommation standard : 6,0 L/100 km
- Prix carburant : 1,65 €/L
- Surémissions de CO₂ : +5 g/km
- Pneumatiques : 480 € le train de 4 pneus
Résultats de la simulation :
Poste de dépense | Détail | Coût annuel total (200 véhicules) |
---|---|---|
Surconsommation carburant | +50 L/véhicule × 1,65 € = 82,50 € | 16 500 € |
Usure prématurée pneus | +25 % d’usure = 1 train tous les 30 000 km | 24 000 € |
Surémissions de CO₂ | 5 g/km × 20 000 km = 100 kg/véhicule | 20 tonnes de CO₂/an |
Risque sécurité & incidents | Non chiffré ici mais réel | — |
Total estimé | Coûts évitables par simple gestion mensuelle | 40 500 €/an minimum |
3. Un micro-levier pour un macro-impact
Ces 40 000 € de pertes annuelles sont générées uniquement par un paramètre technique mineur… dont la correction ne coûte quasiment rien.
Un simple programme de gestion active de la pression des pneus peut diviser ces pertes par deux, voire les éliminer :
Bénéfices directs :
- -5 % de consommation carburant
- +30 % de longévité pneumatique
- Moins d’incidents = moins d’indisponibilités et baisse de la sinistralité donc des coûts de réparation et d’assurance
- Moins de CO₂ = meilleur reporting RSE
- Amélioration du TCO par véhicule
4. Comment corriger le tir ? Outils & pratiques recommandées
Voici un plan d’action réaliste pour une flotte de 50 à 500 véhicules :
À mettre en place immédiatement :
- Vérification mensuelle de la pression à froid
- Affichage des valeurs constructeur à chaque dépôt/site
- Intégration dans les procédures de check-in/out des véhicules
Enrichir avec des outils :
- Utilisation de manomètres digitaux professionnels
- Mise en place de télématique : Capteurs TPMS connectés avec alerte automatisée
- Logiciels de fleet management intégrant les données pneus
Impliquer les conducteurs :
- Formation rapide sur les impacts économiques
- Fiches réflexes dans chaque véhicule
- Challenge ou bonus sur les pratiques d’éco-conduite
Le plus simple pour le gestionnaire de flotte et le conducteur est de mettre en place un système de télématique qui remonte des alertes en cas de sous pression des pneus.
5. Un levier RSE et décarbonation à forte visibilité
Avec 20 tonnes de CO₂ évitables par an (dans notre simulation), l’impact environnemental est loin d’être symbolique. Optimiser la pression des pneus :
- Réduit les émissions du Scope 1 (directes)
- Améliore les indicateurs ISO 14001 ou RSE
- Valorise l’entreprise dans les marchés publics ou appels d’offres responsables
- Répond aux exigences de reporting extra-financier (CSRD, bilan carbone)
En résumé : un petit geste, de grands effets pour votre flotte
Avantage | Conséquence directe |
---|---|
Moins de carburant | Économie de 16 500 € / an (200 VL) |
Moins d’usure pneus | Économie de 24 000 € / an |
Moins d’émissions CO₂ | 20 tonnes/an évitables = gain RSE réel |
Plus de sécurité | Moins d’immobilisations et de sinistres |
Retour sur investissement | ≤ 12 mois (voire 6 mois) |
Conclusion
La pression des pneus n’est plus un détail technique : c’est un indicateur économique, écologique et stratégique. Gérée intelligemment, elle permet à toute entreprise – PME comme grand compte – d’agir concrètement sur son TCO, ses engagements RSE et la sécurité de ses équipes.
Ne pas s’en occuper, c’est perdre de l’argent sans le voir.
La maîtriser, c’est gagner sur tous les tableaux, à coût quasi nul.