
Voiture électrique = voiture écologique ? Décryptage complet
Que ce soit par conviction ou contrainte économique et fiscale, l’électrification des parcs de véhicules est une tendance de fond depuis plusieurs années. Cette tendance à l’électrification des parcs s’accélère en 2025, boostée par les multiples incitations fiscales récentes.
Transition énergétique, réduction des émissions de CO₂, amélioration du bilan carbone, l’électrification de la flotte automobile est souvent présentée comme une solution idéale. Moins polluante, plus silencieuse, symbole de modernité… la voiture électrique coche beaucoup de cases. Mais est-elle réellement si écologique ?
La réponse n’est pas aussi simple que « électrique = écologique ».
SoonGo partage quelques éléments pour mieux comprendre les enjeux.
Comment calculer l’empreinte carbone des véhicules électriques
Pour les véhicules électriques comme pour tout bien, il convient d’analyser les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) sur l’ensemble du cycle de vie :
- La production et le transport de l’électricité nécessaire pour recharger les batteries
- L’utilisation du véhicule et l’énergie consommée pour rouler.
- Enfin le recyclage du véhicule et de sa batterie.
Zéro émission à l’usage : un vrai avantage
Une voiture électrique n’émet pas de CO₂ lorsqu’elle roule. Contrairement aux voitures thermiques, elle ne brûle ni essence ni diesel. Résultat : zéro émission directe de CO2.
Cela ne veut néanmoins pas dire que son usage est neutre en termes d’émissions de CO2. En effet, une voiture électrique consomme de l’électricité, qui a elle-même dûe être produite, selon un mix énergétique plus ou moins émetteur de CO2. Nous y reviendrons, mais cela signifie que dans un pays comme la France, les émissions de CO2 lors de l’usage du véhicule sont très faibles, inférieures à 10 gCO2e / km, vs. environ 40 gCO2e / km pour un véhicule électrique en Europe en moyenne, où le mix énergétique est moins vertueux.
Fabrication à fort impact environnemental
C’est l’un des reproches majeurs faits aux véhicules électriques : leur production, notamment celle des batteries, est très énergivore.
Selon Transport & Environment, la production d’un véhicule électrique de taille moyenne et de sa batterie (ex. pour une Golf) émet entre 10 et 12 tonnes de CO₂, contre 7 tonnes pour son équivalent thermique.
Un meilleur bilan carbone sur l’ensemble du cycle de vie
Même si la fabrication est plus polluante, la voiture électrique devient vite plus vertueuse à l’usage. Selon Carbone 4, sur l’ensemble de son cycle de vie, une voiture électrique émet 2 à 3 fois moins de CO2 que son équivalent thermique. Un véhicule électrique devient plus propre qu’un véhicule thermique entre 30 000 et 50 000 km parcourus.
Ainsi, toujours selon Carbone 4, sur une durée de vie moyenne de 200 000 km, il n’y a pas match :
- Quand un véhicule thermique émet 255 gCO2e / km
- Son équivalent électrique émet 94 gCO2e / km en France (132 g CO2e / km en Europe où le mix énergétique est moins favorable).
Le graphique ci-dessous, publié par Carbone 4 et représentant l’empreinte carbone moyenne d’une voiture vendue en 2025 en fonction de son kilométrage (en gCO2e / km sur des voitures de segment D), illustre bien :
- L’écart très important entre diesel et électrique après 200 000 km parcourus
- Le poids de la fabrication du véhicule et de sa batterie dans les émissions de CO2 des véhicules électriques sur tout le cycle de vie.
Sur l’ensemble du cycle de vie, en France, un véhicule thermique émet ainsi 2,5x plus de CO2 qu’un véhicule électrique.
Pour une analyse tout à fait complète, il convient également d’inclure l’empreinte carbone des bornes de recharges. Selon la même étude de Carbone 4, cette dernière s’élève à 1% de l’empreinte carbone liée à la production des véhicules électriques - pas neutre donc, mais pas de nature à modifier les conclusions précédentes.
Tout dépend de l’électricité utilisée
L’impact environnemental d’un véhicule électrique (VE) varie selon le mix énergétique du pays où il circule.
- En France, selon RTE, la production d’électricité est à 95% bas-carbone (nucléaire pour la vaste majorité + énergies renouvelables).
- Mais ce n’est pas le cas partout, notamment dans des pays comme la Chine, l’Inde ou la Pologne où la production d’électricité est très largement dépendante du charbon.
La question est donc de savoir si la voiture électrique est aussi pertinente ailleurs dans le monde qu’elle ne l’est en France, avec un mix énergétique très favorable.
Selon plusieurs études de Carbone 4 et Aurélien Bigo (chercheur sur la transition énergétique des transports), l’empreinte carbone des véhicules électriques est inférieure à celle des véhicules thermiques dans la très grande majorité des pays du monde. Seules quelques pays (comme l’Inde ou la Pologne) font figure d’exception, mais dans la très vaste majorité des pays du monde, les véhicules électriques émettent moins de CO2 que leurs équivalents thermiques.
Poids, taille… et incohérences
Les SUV électriques sont en plein boom. Mais ils posent problème :
- Poids élevé (souvent > 2 tonnes)
- Batteries plus grosses et plus consommatrices de ressources
- Consommation d’électricité plus importante à l’usage
Ainsi, selon ev-database.org, une BMW iX de 2,4 tonnes consomme environ 30% d’énergie de plus qu’une Renault Twingo électrique de 1,2 tonnes.
Moins c’est lourd, plus c’est sobre !
Or, selon les sources, le poids moyen des voitures a augmenté entre 30% en 30 ans et 66% en 40 ans. La sobriété des véhicules électriques passe donc par une petite cure d’amincissement !
Que deviennent les batteries usées ?
La fin de vie des batteries est particulièrement critique pour
- Garantir l’indépendance européenne en termes d’approvisionnement. Selon Transport & Environnement, le recyclage des batteries pourrait permettre, d’ici 2035, de fournir assez de lithium pour satisfaire 15% de la demande européenne.
- Réduire la demande de production de matières premières et ainsi mieux contrôler leurs coûts et leurs émissions de CO2.
Oui, mais les batteries sont-elles réellement recyclables ?
Selon Carbone 4, 95% de la masse des batteries Li-ion sont recyclables. Ce n’est pas pour autant qu’elles sont effectivement recyclées. C’est un des enjeux majeurs de la transition vers des véhicules électriques.
Une révolution ? Oui… mais à condition de repenser nos usages
Électrifier chaque voiture ne suffit pas. Le sujet, ce n’est pas que le moteur thermique, c’est aussi la place centrale de la voiture dans notre société.
- Ressources naturelles limitées
- Encombrement urbain
- Pollution indirecte
Et les émissions de CO2 des véhicules électriques sont loin d’être neutres. Pour aller plus loin, il faut aussi :
- Optimiser le nombre de voitures en circulation (alternatives aux véhicules de fonction, crédit mobilité, car-pool, covoiturage, transports collectifs, mobilité douce, …)
- Réduire les distances parcourues (urbanisme, télétravail…)
Conclusion : électrique, oui… mais pas que
La voiture électrique représente une avancée réelle pour la transition écologique, si elle est bien utilisée, bien dimensionnée, et intégrée dans un modèle de mobilité plus durable.
- Moins de voitures
- Moins lourdes
- Mieux partagées
- Mieux recyclées
L’électrique ne doit pas être une excuse pour continuer à rouler autant, dans des véhicules toujours plus gros. C’est un outil, pas une fin en soi.
La mobilité de demain sera électrique, mais surtout… sobre et collective.